Archives de Catégorie: contributeurs inspirés

Chloé a le blues /3

Il y a 3 jours, Chloé m’a écrit sur Facebook. Je lui ai demandé des nouvelles, voilà sa réponse :

« Alors que dire… Il y a tellement de chose que je ne sais pas par quoi commencer. . Ça va faire trois ans bientôt que Farhad est en Angleterre. Sa demande de papier a été refusée.

Aucun des Iraniens qui étaient à Paris avec nous n’a été reçu! De toute manière c’est la loterie, ils ont a peu près tous les mêmes dossiers mais la réponse dépend de l’humeur du juge… Par exemple l’avocat qui s’occupait de Farhad ne s’est jamais manifesté avant le jugement. Ils ne s’étaient même jamais rencontrés !!
Pendant toute la durée de sa demande d’asile nous étions logés dans des appartements conçus pour les réfugiés, en collocation. C’était pas trop mal, nous avons souvent changé de place mais dans l’ensemble, ça se passait bien. Ça posait parfois problème, car il y avait des mélanges de religions… Nous vivions ensemble hors mariage et ça ne plaisait pas vraiment! Entre temps il y a eu pas mal de problèmes, je suis rentrée souvent en France. J’ai fait des aller-retour…

Lorsque la demande d’asile de Farhad a été rejeté, il a fallu partir des logements sociaux et aller vivre chez des amis. La communauté iranienne est très solidaire dans l’ensemble, donc nous n’avons jamais été dehors. Nous sommes allés a Birmingham, puis a Cardiff, puis a Sheffield et maintenant Farhad vit a Londres.
Il y a presque 4 mois que nous ne nous sommes pas vus. Il faut dire que je déteste l’Angleterre et que je suis fatiguée de vivre comme ça. J’ai reussi un concours d’entrée d’une école privée qui prépare à des BTS en alternance. En ce moment je cherche une entreprise.
Cette situation est très dure pour Farhad qui ne voit pas grandir son fils. Il essaye de trouver des petits boulots par-ci par-là, mais la crise est vraiment affreuse en Angleterre et il a du mal a trouver en ce moment. Avant il etait livreur de pizza en voiture mais comme il n’a pas le permis il etait regulierement arreté et forcé de laisser sa voiture a la fourriere. Le voilà coincé là-bas, et comme il a posé ses empreintes il ne peut plus partir. Il n’est pas expulsable mais en meme temps il n’a pas le droit de travailler ni d’avoir un logement.

Pour avoir suivi toutes ses personnes qui rêvaient de l’Angleterre, je peux te garantir que tout le monde sans exception est terriblement déçu ! « 

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BD reportage sur Télérama.fr, à partir du blog

http://www.telerama.fr/idees/square-villemain-essai-pas-pret-a-publier,41559.php

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Un témoignage sur l’Afghan poignardé dans le parc, contre le rouleau compresseur

Témoignage d’un membre d’une association du 10e.

 

De nationalité afghane, âgé de 26 ans, il est arrivé à Paris en octobre 2008. Depuis, il était bien connu des associations intervenant auprès de la population afghane du quartier de la Gare de l’Est, qui lui fournissaient aides sociales et soutien juridique.

 

Contrairement à ce qui a été annoncé dans certains médias, et à une idée reçue sur les afghans en errance dans Paris, ce jeune homme, comme une partie de ses compatriotes à Paris, n’avait pas l’intention de se rendre en Angleterre ou un autre pays d’Europe. Au contraire, il avait déposé une demande d’asile quelques jours après son arrivée en France.

 

Il n’était donc pas « en partance » et, en tant que demandeur d’asile, sollicitait la protection de l’état français.

 

Comme la majorité des Afghans, il était passé par la Grèce pour atteindre la France, et a donc été place sous le règlement Dublin II, qui stipule qu’une personne doit faire sa demande d’asile dans le premier pays européen traversé. Les demandeurs d’asile sous Dublin II n’ont pas droit à un hébergement dans un CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile), et il s’est donc trouvé à dormir au square dès son arrivée en France, malgré ses demandes répétées d’accéder à un hébergement. Il aura donc vécu dans le square Villemin pendant plus de 5 mois, jusqu’à sa mort.

 

Eu égard à la précarité de ce jeune homme, les services de France Terre d’Asile avaient été sollicités pour une mesure d’hébergement. La demande avait été refusée, le statut administratif primant sur la vulnérabilité de la personne.

 

Lors d’une de ses convocations « Dublin » à la Préfecture, fin janvier 2009, il a été interpellé puis placé en Centre de Rétention Administrative, en vue d’un renvoi vers la Grèce. Lors de sa libération, il a enfin pu initier sa procédure de demande d’asile, sous une catégorie dite « prioritaire », une procédure accélérée n’ouvrant pas non plus les droits au dispositif national de prise en charge pour demandeurs d’asile.

 

Il est passé à l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides), début mars 2009, et a été rejeté de sa demande pour « manque de preuves », mais allait préparer son recours à la CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile). Il avait  reçu la réponse négative d’OPFRA quelques jours avant d’avoir été tué. 

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« No more troops in Afghanistan! »

Je suis réalisatrice de documentaires. J’ai pris contact avec Sabrina après avoir découvert son blog sur le site de Télérama. Comme elle, j’habite près du square Villemin. Comme elle, la présence de réfugiés sans toit dans le quartier me hante, surtout le soir, quand je rentre tard et les croise blottis sous leurs couvertures au pied des immeubles du canal. Elle me hante d’autant plus, qu’elle me rappelle Sangatte. je suis allée là-bas en 2000. Ce voyage fut un véritable choc, un moment aussi bouleversant, qu’éprouvant. Jamais je ne pourrais oublier ce hangar glacial, balayé par les vents, perdu au milieu des dunes.

J’étais arrivée dans la région tôt le matin. La brume recouvrait la route. Sur trajet qui menait au hangar de la Croix rouge, je croisais des familles entières afghanes, kurdes, iraniennes, marchant au bord de la route. Leur présence dans la blancheur matinale du Calaisis me semblait irréelle. J’arrêtais ma voiture pour monter un père, une mère et leurs deux fillettes. Ils arrivaient d’Iran après un périple de plusieurs mois. Ils étaient exténués, effrayés. Le passeur les avait laissés à quelques kilomètres de là. La mère pleurait. Elle venait d’apprendre que cet homme leur avait menti. Ils n’étaient pas en Angleterre. Son désespoir était terrible. Arrivée au hangar, mon regard fut happé par la présence surprenante, surréaliste, d’un homme en costume-cravate, trainant derrière lui une valise à roulettes. Il arrivait du sud de l’Afrique, me dit-il. Seules ses chaussures le trahissaient, disaient les milliers de kilomètres parcourus. Son regard aussi. Ses yeux hallucinés, injectés de sang en disaient long sur son épuisement, sur sa souffrance. Dans l’après-midi, en me promenant sur la plage, je rencontrais un jeune Afghan. Il regardait l’horizon. Il avait fait le voyage seul pour rejoindre sa sœur qui habitait en Angleterre. Le soir, à la nuit tombante, comme les autres, il avait quitté le centre pour essayer de se faufiler sous la bâche d’un camion. Je l’avais vu s’éloigner en chantant, dans la lumière somptueuse du soleil couchant. Lire la suite

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Avis aux contributeurs inspirés

Si vous habitez près du jardin Villemin ou si pour une raison ou une autre vous y passez du temps et que vous avez envie de raconter le vécu des réfugiés dans le quartier ( vous leur avez parlé ou vous avez partagé une expérience avec eux…) ce blog vous est ouvert. Vos posts sont les bienvenus !

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