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Ali, on the road again

Olivier Jobard/MDM/SIPA

Olivier Jobard/MDM/SIPA

Ali est parti ! J’ai appris par Mohamed, le cinéaste afghan, que depuis une dizaine de jours, il a pris la route pour Angleterre. Ali est sûrement dans le Calaisis, en ce moment… La dernière fois que je l’ai vu, le foulard autour de la bouche pour protéger les autres de sa toux , il était enrhumé et pas très content parce que les Urgences de l’hôpital Saint-Louis ne lui avait filé (après 6 heures d’attente !) que du Doliprane. Sa décision de partir, il l’a prise après que la Préfecture lui ai donné une réponse : l’Angleterre qui l’a exulsé il y a quelques mois pour Kaboul est seule responsable de sa demande d’asile. Et hop ! Paris s’est encore une fois « débarrassé » d’Ali.

 

 

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Un regard perçant sur l’asile

Grâce à une bénévole iranienne qui passe de temps à autre au centre d’accueil près du jardin Villemin, j’arrive finalement à rentrer en contact avec « le cinéaste » afghan. « J’étais invité fin octobre au festival de documentaires « Resident today », à Rome, pour présenter mon film : « le corps et le sol ».  C’est là que j’ai décidé de prendre la route pour Paris. Je ne voulais absolument pas retourner à Kaboul. En plus d’être scénariste, j’écris pour des journaux locaux et depuis quelques temps, j’ai de sérieux problèmes avec une partie du gouvernement. Mais arrêtons-nous-là, je ne préfère pas en dire plus… Pourquoi Paris ? Depuis mon enfance, j’ai un grand intérêt pour les auteurs français, commeVictor Hugo… et les cinéastes français aussi. Je ne suis pas du tout attiré par la Grande-Bretagne. » Ces yeux pétillent, ces gestes prennent de l’ampleur… pas de doute, son rêve de France, l’élève encore au-dessus du bitume et de la médiocrité. Le froid, les nuits dehors, les jours à tourner en rond ne lui ont pas fait perdre son fil. « C’est très intéressant comme expérience. Je compte bien un jour en faire un film… Bon d’accord, ce n’est pas très confortable ! »

Je lui demande de me raconter un évènement marquant. Sans réfléchir, il pense à une bizarrerie qu’il trouve bien française. « Un jour, j’avais rendez-vous dans une association avec un responsable avec qui je devais faire le point sur mon dossier de demande d’asile. Comme il me manquait des papiers, je décide d’y aller la veille pour le prévenir et trouver un autre rendez-vous. Une personne à l’accueil me reçoit et me demande de venir quand même le lendemain. Et là, j’ai été très mal reçu. Le responsable de l’association n’a pas arrêté de me faire des reproches parce que je n’étais pas prêt. Il m’en voulait d’être « comme les autres ». Il m’a dit : « Je pensais que t’étais différent, tu es un scénariste… Je te traitais déjà comme un réfugié politique, moi, vraiment je suis déçu ». Comme si je n’avais pas les mêmes problèmes que les autres. Quand il fait froid, j’ai froid, quand il n’y a pas de place aux camps, je dors dehors. Et pour rassembler des documents, je galère… comme les autres ! »

Olivier Jobard

photo : Olivier Jobard.MDM/SIPA

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Ali, l’Afghan errant

Au centre d’accueil, à côté de la gare de l’Est, qui sert de refuge aux exilés, je rencontre Ali. A 19 ans, avec sa capuche rouge sur la tête qui lui donne un air de rappeur, son regard espiègle et un sourire qui révèle une patience infinie, il connaît Kafka avant de l’avoir lu. Parti seul de chez lui en 2003, il a traversé l’Europe (a même passé cinq jours dans le jardin Villemin en 2004 !), puis s’est finalement installé illégalement en Grande-Bretagne pendant quatre ans, ce qui lui a permis de prendre des cours d’anglais et même de suivre une formation en informatique. Et puis, un jour, il s’est fait prendre par la police, puis expulsé à Kaboul où il a eu droit à 18 jours de prison et à pas mal de coups. Il a finalement décidé de repartir sur les routes de l’Europe et le voilà de retour à Paris. A son dernier passage en Grèce, les policiers ont de nouveau pris ses empreintes mais il a quand même décidé de déposer une demande à la préfecture de Paris pour savoir s’il peut demander l’asile. « Si la préfecture m’accorde la carte verte, et que le gouvernement français m’accepte, pas de problème, dit-il en décochant un sourire, je vais rapidement me mettre au français ! » Malgré son enthousiasme et son énergie (qui sait, peut-être un futur prix Goncourt…), quelle est sa chance de réussir ? A ce stade-là du parcours du combattant, explique Jean-Michel, sa seule chance, « c’est l’inefficacité d’Eurodac, le fichier regroupant les empreintes digitales des demandeurs d’asile en Europe que les Etats sont censés partager, mais qui très souvent est bourré d’erreurs et d’omissions ». De nombreux Etats ne jouant pas le jeu en « oubliant » d’enregistrer les personnes en situation irrégulière sur leur territoire pour ne pas avoir à assumer la responsabilité de l’examen de leur demande d’asile.

Olivier Jobard

photo : Olivier Jobard/MDM/SIPA

 

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