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3e épisode de la BD-reportage sur télérama.fr

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Classé dans au jour le jour, le circuit associatif, Maraudes

Les mots ne sont pas innocents

Réagissant à la mort du réfugié Afghan, Eric Besson, le ministre de l’immigration et de l’identité nationale, a demandé au Préfet de Paris de renforcer « la lutte contre les filières d’immigration clandestine qui transitent par Paris ».

Oubliant ainsi que primo, les Afghans et autres Irakiens ne sont pas des « migrants clandestins » mais très souvent des personnes venant de pays en guerre qui demandent l’asile au pays (au continent) des Droits de l’homme.

Secundo, que les filières prospèrent quand la répression s’accroît et que les frontières se referment.

Et que tertio, si les Afghans sont désormais si nombreux dans le 10e arrondissement de Paris, c’est qu’ils ne font peut-être pas que transiter !

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« France, is it a good country ? »

 

Olivieer Jobard/MDM/SIPA

Olivieer Jobard/MDM/SIPA

 

De nouvelles têtes, plein de nouvelles têtes. Le centre d’accueil était hier, encore plus que d’habitude, plein à craquer. A peine entrées dans le centre, avec Elisabeth Jonniaux – une réalisatrice qui habite  le quartier et qui m’a contactée suite à l’article de télérama sur mon blog (http://www.telerama.fr/idees/sangatte-existe-toujours-a-paris,38104.php) – nous sommes prises dans le mouvement. Un peu perdues aussi. La plupart des exilés entassés-là, à l’abri de la pluie, nous saluent poliment. Hamid, un exilé que j’ai déjà croisé à plusieurs reprises, nous accoste et de lui-même commence à nous raconter son périple. « Je suis parti il y a quatre déjà de Gazny, au sud de l’Afghanistan. En bus, je suis allé au Pakistan, puis en Iran, de là je suis passé en Turquie, puis en Grèce, en Italie et me voilà à Paris depuis deux mois ». Quel est son but ? Il ne le sait pas encore. « Je voudrais bien demander l’asile en France, mais je ne sais pas comment faire, je cherche encore des documents en persan pour me renseigner… »La conversation se fait en français. Et oui ! depuis quelques temps, il prend des cours quatre fois par semaine dans une association. Son niveau de maîtrise et son vocabulaire sont impressionnants…. 

Des garçons, très jeunes se rapprochent. Hamid en profite pour prendre la tangente. Le plus âgé, 16 ans, sans hésitation, me « saute » dessus et en rafale m’interroge en anglais : « Cela fait deux jours que je suis à Paris. Qu’est-ce que je dois faire pour demander l’asile? A qui dois-je m’adresser, où sont les documents ? » Les questions s’enchaînent, je n’ai pas le temps de lui répondre. Avec Elisabeth, nous lui conseillons de s’adresser au responsable du centre. Mais il s’en fiche, il veut nous parler à nous. Malgré le bourdonnement et le bruit incessant, il nous raconte son histoire. Il arrive de Bologne où il a passé cinq mois (il se débrouille très bien en Italien aussi). « L’Italie, je n’aime pas… bah, il n’y a rien à faire là-bas, pas de travail, rien … » Avec des yeux pétillants, presque rieurs, il me fixe et m’interroge à nouveau.  » J’ai laissé mes empreintes un peu partout, en Grèce, en Italie, même en France, les policiers me les ont prises à Nice… Tu crois que je peux quand même demander l’asile ici ? »

Deux jours à Paris et déjà il a capté les quelques repères nécessaires à sa survie. Hier, il a dormi au « camp », le centre d’accueil d’hébergement d’urgence normalement réservé aux adultes « errants » (il a sûrement réussi à se faire passer pour majeur) dont les bus partent de la Place du Colonel Fabien. Ces copains, beaucoup plus jeunes, n’ont eu droit qu’au jardin Villemin. Le plus jeune de la troupe, 13 ans, avec sa frimousse de gamin et son bonnet vissé sur la tête, me dévisage un moment puis finit par me tirer par la manche. Il se campe devant moi, plante ses yeux dans les miens et avec une intensité de naufragé me demande : « France, is it a good country? » 

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Mais que font-ils dans la rue ?

Mais alors qui sont ces jeunes exilés au bord du Canal ? Avant de les aborder directement, je commence par prendre contact avec le collectif de soutien aux exilés du 10e arrondissement de Paris (http://nova.exiles10.org/). Je suis reçue par Jean-Pierre Alaux, au Gisti. Avec son pull en laine défraîchie, ses cheveux gris et ses lunettes sur le bout du nez, il a l’air épuisé. « C’est vrai, je le suis. Nous ne savons plus quoi faire, ni revendiquer. Nous sommes dans le même état que les exilés : nous sommes écrasés par la machine administrative et politique européenne ».  Jean-Pierre est un des piliers de ce réseau de solidarité créé par une poignée de militants au printemps 2003, quelques mois après la fermeture de Sangatte. Le fameux hangar géré par la Croix Rouge qui abritait les « clandestins »  à quelques kilomètres de Calais, que le ministre de l’intérieur Sarkozy a fait fermer en décembre 2002 pour étouffer « l’appel d’air ».

 

« Personnellement, je m’y attendais, me dit Jean-Pierre, je savais que la fermeture de Sangatte allait essaimer ». Sur le bureau, le rapport associatif sur « les jungles dans le Pas de Calais » auquel il a participé. Tout en parlant, il jette des coups d’œil vers le rapport. Il souffle. A le voir, pas de doute, la situation est critique. La traque policière, les forêts dans lesquels ils sont obligés de se cacher…

 

Mais alors, d’où viennent-ils, ceux du Canal .? « Ce sont des Afghans, ou parfois des Iraniens, des Pakistanais dont les parents sont des vieux réfugiés Afghans… La situation est tellement tendue dans la région que les familles en danger envoient les jeunes parmi les plus malins sur les routes de l’Ouest. En Iran, ils expulsent 1000 Afghans par jour en moyenne avec une violence inouïe. Ils sont raflés, mis dans des camps et sans jugement, ni rien, ils sont expulsés vers l’Afghanistan. C’est justement dans ces camps que les talibans recrutent… Certains veulent aller en Angleterre pour des raisons linguistiques. Mais soyons clair, ce n’est pas la raison principale : la plupart ne parle pas de langue étrangère. » En fait, si beaucoup d’entre eux veulent aller en Angleterre, c’est parce que le travail illégal  y est plus facile. Mais d’après lui, la Grande-Bretagne n’est pas leur seule destination… Arrivés à Paris nombreux sont ceux qui voudraient y rester ou qui visent la Norvège et la Suède, voire la Suisse… Le quartier de la Gare de l’Est est aussi un point de ralliement (un carrefour) où certains viennent « se reposer » après avoir errés dans les « jungles » du Pas-de-Calais et loupés leur passage vers l’Angleterre. 

olivier Jobard

photo : olivier Jobard/MDM/SIPA

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